Ce n’est pas tant l’événement qui arrive qui compte mais notre réaction en réponse à l’événement.

 

Jeudi 12 mars, le gouvernement belge annonçait la fermeture des écoles à partir du lundi 16 mars pour une durée de 5 semaines, un télétravail généralisé semblait poindre le bout du nez, une vie sociale, commerciale et économique limitée et ralentie, un monde culturel à l’arrêt.

Mardi 17 mars, nouvelle mesure plus restrictive, le confinement est officiel et prendra cours le lendemain à midi.

Nouvelle délicate, quelque peu angoissante. Quotidien difficile à appréhender pour nous parents d’enfants en bas âge.

« Comment vais-je occuper mes enfants ? »

« Comment vont-ils rattraper ces semaines sans école ? » « Est-ce si important ? »

« Que faire de tout ce temps libre ? »

« On va se marcher sur les pieds »

« Comment parler de ce qui se passe aux enfants ? »

« Que faire de mes propres angoisses quand je suis avec les enfants ? »

« Comment puis-je continuer à travailler avec mes enfants non-stop à la maison ? »

Aujourd’hui fin de la première semaine de confinement : « c’est ici que les Romains s’empoignèrent »

Je m’explique.

Motivée et positive au début, je me lançais dans cette période avec la conviction que tout se passerait bien. J’avais tout prévu, tout était programmé, sous contrôle, aucune possibilité de s’ennuyer. J’étais pleine d’énergie et prête à accorder toute l’attention du monde à mes enfants.

Mais aujourd’hui quelque chose coince.

Je suis déjà sur les genoux. Je me sens débordée. Je ne prends pas de temps pour moi.

Le quotidien me semble désorganisé. Je ne ressens pas l’harmonie dans mon foyer. Mes enfants semblent un peu déboussolés et je ne sais pas comment je vais tenir encore 4 semaines ou bien davantage.

Mon premier constat

Nous n’avons pas le choix.

Certes, nous ne sommes pas responsables de ce qui nous arrive. Nous n’avons aucun contrôle, aucune mainmise, aucune maîtrise de cet événement auquel la vie nous confronte. Mais là où nous pouvons intervenir, c’est dans le comportement à adopter face à une telle situation.

Là, nous avons le choix.

Alors pourquoi vouloir lutter contre ce qui nous arrive et essayer d’avoir le contrôle de la situation à tout prix ? Alors pourquoi ne pas essayer de lâcher prise ?

N’ayant jamais imaginé la situation actuelle, nous n’avons pas pu anticiper. Nous sommes donc tous novices. Nous devons inventer, improviser, faire avec les moyens du bord. Chaque jour adapter et rééquilibrer ensemble. Quel apprentissage pour chacun !

Mais n’oublions pas que quoi que nous ayons imaginé, rien ne se passera comme prévu. Alors lâchons prise !

Il est évident qu’il y aura des jours avec et des jours sans. Et ce n’est pas grave. Déculpabilisons, relâchons la pression. Faisons-nous confiance en tant que parents et faisons confiance à nos enfants.

L’essentiel est de réagir, d’adapter et de trouver notre équilibre en famille en fonction des besoins de chacun.

Mon deuxième constat 

Nous ne sommes pas des instituteurs. Et nos enfants ne perdent rien en n’allant pas à l’école pendant 5 semaines ou plus. Bien au contraire !

A titre personnel, je me rends compte que j’ai énormément de chance parce que mon mari et moi sommes très flexibles pour le travail. Notre plus grand challenge sera donc de vivre avec nos 3 enfants en bas âge sans interruption et sans aide extérieure sur une longue période tout en continuant à travailler et à rester productifs autant que possible.

Concernant les apprentissages, mes enfants sont encore petits donc je ne mets aucune pression à ce niveau-là. Notre rôle en tant que parents n’est pas le même que celui des instituteurs de l’école. Mon aîné de 7 ans a reçu des dossiers à compléter de son institutrice et évidemment il essayera d’y consacrer un peu de temps mais sans pression aucune.

Je pense sincèrement qu’au contraire, durant cette période, les enfants vont grandir en flèche. Confrontés à eux-mêmes, à l’ennui et à l’inconnu ils seront amenés à faire des choses inhabituelles : participer davantage aux tâches ménagères, apprendre à s’occuper tout seuls, s’aider mutuellement entre frères et sœurs, découvrir une nouvelle passion, prendre du temps au jardin ou sur la terrasse (pour ceux qui ont la chance d’en avoir) observer le printemps qui arrive et la nature qui renaît.

Il n’y a pas que sur les bancs de l’école que l’enfant peut apprendre et grandir. Certaines aptitudes et valeurs ne peuvent s’acquérir qu’en dehors des classes.

Enfin, gérer une telle situation est déjà un apprentissage en soi. Et pour toute la famille.

Alors c’est sûr, il y a un temps d’adaptation et ce ne sera pas tous les jours facile. Mais je vois cette expérience comme une manière de nous faire grandir à tous, parents comme enfants. Je crois que c’est une belle opportunité pour nos enfants de se recentrer sur l’essentiel et d’apprendre des compétences qui ne sont pas enseignées à l’école. Je fais ici référence notamment aux 6 compétences clés à développer pour des enfants épanouis (pour plus de détails sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger votre guide complet via ce lien).

En à peine quelques jours, je vois comme mes enfants sont en train de gagner en autonomie : ils participent bien davantage aux tâches ménagères et avec le sourire (pourvu que ça dure), ils apprennent à s’occuper tout seuls et à s’inventer leurs propres jeux. 

Mon troisième constat

Les enfants ont besoin de structure mais au sein celle-ci, ils ont besoin d’être libres.

Avant le grand confinement, j’avais fait le plein d’activités (j’ai compilé une très longue liste que vous pouvez consulter dans mon article précédent ;-)).

C’est génial mais il vaut mieux privilégier la qualité à la quantité. Ce n’est pas parce que les enfants sont à la maison que nous devons passer toute la journée avec eux.

Après ces premiers jours, je me rends compte de l’importance pour l’enfant d’avoir un cadre (déjà le sommeil et les repas rythment le quotidien) certes, mais au sein de celui-ci d’avoir des moments où l’esprit et l’imagination peuvent vagabonder librement. Les enfants ont besoin de rêver. Les enfants ont besoin d’apprendre à être seuls et de s’ennuyer (parfois) pour rebondir en créant, en inventant.

Parfois même, les enfants ont besoin de ne rien faire, de ne pas être productifs.

C’est précisément ce à quoi nous sommes tous confrontés à l’heure actuelle.

Cette liberté peut se matérialiser de différentes manières.

Il peut s’agir de vraies périodes de temps libre, où l’enfant fait ce qu’il veut avec les moyens du bord (le jardin, la terrasse, la bibliothèque, la salle de jeux, sa chambre, …) ou alors d’activités qui cumulent les deux aspects. L’enfant est libre et responsable dans un cadre mis par le parent.

Voici 2 exemples que mes enfants ont testé à la maison :

  • Préparer un goûter avec 3 aliments et des ustensiles non dangereux. Ils sont libres de préparer ce qu’ils veulent
  • Créer ce qu’ils désirent avec du carton, des ciseaux et des crayons.

J’étais la première agréablement surprise par l’imagination de mes enfants quand nous les laissons libres avec très peu de directives. Mon fils nous a concocté un délicieux smoothie et ma fille quant à elle a créé un décor avec le carton en faisant un trou au milieu pour y passer la tête.

Mon quatrième constat

Les enfants ont besoin d’être connectés avec leurs émotions et de pouvoir exprimer leur ressenti.

Lors du 3ème jour de confinement, mon aîné de 7 ans était plus difficile que les jours précédents, toutes les activités que je lui proposais ne l’intéressaient pas.

J’ai compris qu’il fallait qu’on se retrouve tous les 5 en famille pour mettre les choses à plat et repartir sur de bonnes bases pour que les prochaines semaines se passent au mieux. J’ai compris que si mon fils était plus difficile, c’était surtout parce qu’il avait besoin d’exprimer ses émotions, ce qu’il ressentait dans cette période particulière.

C’est là que ma formation en Discipline Positive est venue à mon secours 🙂 Nous avons fait ce qu’on appelle un TEF – Temps d’échange en famille.

Il s’agit d’un conseil de famille mais avec certaines règles pour rendre l’activité à la fois amusante et utile. L’idée, c’est de faire en sorte que tout le monde ait envie de collaborer. Évidemment dans mon cas, ma fille de 1 an et demi ne peut pas encore vraiment participer oralement mais c’est important qu’elle soit présente pour qu’elle prenne part à ce moment familial.

1) Tout d’abord, il faut choisir une mascotte, le bâton de parole. Les enfants adorent choisir un objet insolite comme bâton de parole. Aujourd’hui, chez nous, c’était une balle de tennis.

2) Ensuite, on fait un tour de table et chaque personne peut dire quelque chose de gentil à une autre personne de la table : une appréciation ou un remerciement. On peut aussi raconter son moment préféré de la journée. Cela permet de commencer en créant une bonne atmosphère bienveillante et positive.

3) Dans ce contexte particulier, j’ai également rajouté un tour de table pour parler de sa météo intérieure. Cela permet aux enfants et aux parents d’ailleurs d’extérioriser leurs angoisses ou au contraire de faire savoir que tout va bien, qu’ils sont de bonne humeur.

4) Ensuite commence la partie concrète du conseil de famille. Nous évaluons ensemble les solutions mises en place précédemment pour réajuster s’il le faut. Aujourd’hui, comme c’était notre premier TEF depuis un petit temps, nous sommes tout de suite passé à l’étape 5.

5) L’étape 5, c’est le temps des propositions. Soit une personne vient avec un sujet particulier qu’il voudrait aborder, soit on fait un tour de table avec des propositions pour faire en sorte d’améliorer l’organisation générale de la famille.

La personne qui a mis le problème ou la question à l’ordre du jour peut choisir entre :

  • partager son ressenti
  • demander une discussion
  • demander une recherche de solutions

Aujourd’hui, c’était surtout moi qui voulais aborder la question de comment on s’organise mieux entre les tâches ménagères, les moments de travail de papa et maman, les activités des enfants, les repas. Ce moment a été aussi l’occasion pour mon fils d’exprimer son besoin de passer plus de temps avec son papa.

Toutes les propositions sont écrites, tout le monde peut participer et donner son avis.

Ensuite seulement, on se met d’accord sur les propositions que l’on va retenir. On planifie ensemble les prochains jours. On a par exemple élaboré des menus pour les prochains jours pour ne plus se prendre la tête sur ce qu’on allait manger.

6) Pour terminer le TEF, on choisit une activité ludique à faire en famille pour que ce moment particulier se termine de manière conviviale.

Pour nous, c’était une activité au jardin, on a fait des parcours avec les enfants.

J’espère que cet outil vous sera très utile dans ces moments particuliers où il faut faire en sorte de collaborer en famille.

Mon cinquième constat

La solidarité entre les individus existe bel et bien. Nous devons garder nos distances et pourtant nous n’avons jamais été aussi proches.

J’ai été agréablement surprise de découvrir cette solidarité sur les réseaux sociaux.  Il existe de très nombreuses initiatives pour rendre notre quotidien plus supportable. Je vous recommande cette plateforme citoyenne créée à Bruxelles qui regroupe toutes les informations pertinentes dans différentes catégories : Solidair

D’autres initiatives ont également vu le jour :

– de nombreux groupes Facebook pour se partager nos bonnes idées entre parents,

– de nombreux éditeurs qui mettent gratuitement à disposition leur contenu,

– des propositions individuelles de toutes sortes de cours offerts gratuitement en ligne : yoga, méditation, etc.

– des artistes qui nous chantent des chansons en live tous les jours depuis leur salon sur leur page Facebook.

Et plus que tout, notre rendez-vous quotidien depuis quelques soirs à 20h où nous applaudissons tous ensemble à notre fenêtre le corps médical pour son travail sans relâche auprès des malades. Un énorme merci à eux ainsi qu’à toutes les personnes qui nous permettent de survivre dans cette période de confinement (travailleurs de la grande distribution, crèches, éboueurs et j’en oublie certainement)

 

C’est donc le cœur léger et serein que je finis d’écrire ces lignes car je me rends compte qu’il est possible de trouver des aspects positifs à un quotidien que nous n’avions pas prévu et qui nous place dans un inconfort déconcertant.

C’est forte aussi, de voir en cette situation une possibilité de renforcer notre esprit de famille, notre capacité d’adaptation, notre capacité à rebondir et à voir le beau dans le moins beau.

Enfin, c’est heureuse d’avoir pu rencontrer certaines limites, de m’être dit que « ce n’est pas grave », d’avoir pu lâcher prise et d’être repartie de plus belle.

 

Dorothée.

#restezchezvous

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Author Dorothée

Passionnée d'éducation, Dorothée a décidé de partager ses connaissances et découvertes avec d'autres parents pour qu'ensemble, nous changions l'éducation de nos enfants.

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