« La joie est en tout, il faut savoir l’extraire. » Confucius
Ca y est, nous y sommes. La Belgique est entrée ce lundi 8 juin dans cette nouvelle phase du déconfinement où tous les enfants du fondamental (primaires et maternelles) peuvent retourner à l’école. Les bars et les restaurants peuvent enfin rouvrir même s’ils doivent appliquer des mesures relativement contraignantes.
En ce qui me concerne, cela signifie que pour la première fois depuis près de trois mois, mes trois enfants ne passent plus toute la journée avec moi. C’est le début d’un nouveau chapitre qui s’ouvre pour moi et pour de nombreux parents. C’est un soulagement non seulement pour nous mais surtout pour nos enfants qui attendaient ce moment depuis bien longtemps. Ils vont enfin retrouver leurs copains, copines et leur instituteur et institutrice. Les chiffres de l’épidémie sont encourageants, espérons donc que cette nouvelle phase de déconfinement ne change pas la donne.
Après trois mois de confinement, j’aimerais tirer un premier bilan de cette période.
Tout d’abord, voici comment j’ai vécu ce confinement au rythme des différentes semaines.
Motivée et positive au début, je me suis lancée dans cette période avec la conviction que tout se passerait bien. J’avais fait le plein d’activités, j’étais pleine d’énergie et prête à accorder toute l’attention à mes enfants tout en espérant en même temps pouvoir avancer dans mes nouveaux projets.
Malgré mon enthousiasme du début, nous avons connu des hauts et des bas certainement comme la majorité des familles. Nous avons tout d’abord eu besoin d’une période d’adaptation à ce nouveau rythme. Les premières semaines, ce ne fut pas facile de trouver l’équilibre entre les activités des uns et des autres, la préparation des repas, la gestion des tâches ménagères au quotidien tout en essayant de garder le contact avec la famille et les amis. Les premières semaines, nous avons frôlé l’overdose avec un trop plein d’informations, d’activités, de blagues sur internet, de connexions avec les uns et les autres, de pression. Petit à petit heureusement, nous avons trouvé notre propre rythme et nous avons appris à lâcher prise.
Les semaines ont commencé ensuite à s’enchaîner assez rapidement d’une manière plus ou moins fluide même si personnellement, j’ai renoncé à avancer réellement dans mes projets.
Après 2 mois de confinement strict, les mesures ont commencé à s’assouplir lentement et nous avons enfin pu revoir nos proches qui nous manquaient tellement.
Aujourd’hui, nous passons dans cette nouvelle phase de déconfinement où « tout est à nouveau permis sauf ce qui est interdit » et nous allons enfin pouvoir revoir nos amis en terrasses, au restaurant dans un contexte presque normal. Il faudra néanmoins nous habituer à vivre avec des masques dans différents endroits de l’espace public et ne pas oublier les gestes barrière. Le plus difficile durant cette période de déconfinement, c’est de pouvoir évaluer le risque pour nos parents qui ont plus de 65 ans. Ils ont tellement envie de pouvoir retrouver ce contact si particulier avec leurs enfants et surtout leurs petits-enfants adorés.
J’ai apprécié de prendre le temps le matin de ne plus devoir me dépêcher pour partir à l’école de très bonne heure et le soir de ne plus devoir passer une heure à récupérer les enfants après l’école et la crèche.
J’ai apprécié de pouvoir observer la nature, de passer beaucoup de temps dehors à découvrir chaque plante de notre jardin.
J’ai apprécié de prendre le temps de cuisiner avec mes enfants et apprendre à faire de la pâtisserie, moi qui étais tout à fait novice en la matière.
J’ai apprécié de pouvoir jouer avec mes enfants, d’organiser des grands jeux, de ne plus avoir à penser aux mille et une activités et trajets à organiser dans la journée.
J’ai apprécié de voir mon bébé grandir et devenir une petite fille avec un caractère bien affirmé.
J’ai évidemment connu également certaines frustrations pendant cette période. D’un point de vue émotionnel, j’ai connu quelques angoisses concernant la pandémie surtout pour mes proches.
Je n’ai pas eu énormément de temps pour prendre soin de moi, pour mes projets, pour me former, pour mon couple sans les enfants. Je n’ai pas pu faire mes activités sportives à l’extérieur. Ma famille et mes amies m’ont énormément manqué et la vie sociale en général. Rester chez soi en permanence même si on s’y sent bien est une contrainte. J’ai ressenti au fil des semaines un grand besoin d’air, d’espace et de changer d’environnement.
Quels sont les enseignements positifs que je tire du confinement ?
Malgré les difficultés rencontrées durant cette période, j’ai toujours essayé de voir les choses positivement. Je sais également que je fais partie des privilégiées et que tout le monde n’a pas été égal face au confinement.
Pour ma part, il y a eu quelques cris mais aussi beaucoup de rires. Nous avons vu nos enfants grandir à vitesse grand V. Nous avons partagé de très chouettes moments tous les 5 et une jolie complicité est née entre nos 2 filles. Notre famille est plus soudée que jamais même si parfois il faut le dire, vivre non-stop avec 3 enfants en bas âge est assez sportif et ne nous laisse pas beaucoup de temps pour nous, parents 😉
D’ailleurs, comme vous avez pu le constater, je n’ai pas été très active sur mon blog ces deux derniers mois. Mais ce n’est que pour repartir de plus belle avec tous les nouveaux apprentissages que j’ai acquis. J’ai pris le pari de considérer cette période comme un laboratoire vivant où j’ai pu expérimenter de nouvelles approches avec mes enfants. J’aurai à cœur de vous les transmettre dans cet article et dans les prochaines semaines.
Aujourd’hui, je voudrais surtout partager avec vous les enseignements positifs que je tire de cette période de confinement. Mon objectif n’est pas de masquer les difficultés engendrées durant cette période et évidemment il y en a eu de nombreuses mais plutôt de me concentrer sur les points positifs, sur les outils et les bonnes habitudes que nous avons mis en place et que nous souhaitons garder dans cette nouvelle phase de notre vie.
1- L’organisation familiale
- « Le programme de la journée »
Nous avons mis du temps à trouver notre façon de fonctionner tous les 5 de manière optimale. Au début, nous n’avions pas énormément de structure mais avec l’accumulation des tâches ménagères, des devoirs et réunions zooms avec les copains, de l’organisation des repas et autres activités, le quotidien devenait ingérable sans l’élaboration à l’avance d’un programme pour la journée. De plus, les enfants ont besoin de routine pour se sentir en sécurité.
Nous avons donc essayé plusieurs méthodes : des applications collaboratives, des outils organisationnels, des calendriers tout faits mais rien ne nous convenait parfaitement et finalement nous avons trouvé notre propre mode de fonctionnement.
Chaque soir avant d’aller dormir, nous créons ensemble le programme du lendemain en notant sur une tablette différents éléments : la date et le jour, la météo du lendemain, les évènements particuliers (anniversaire, fête des mères, etc.), le programme du matin et de l’après-midi avec les activités de chacun, les tâches de chacun, les réunions zooms, les livraisons prévues ou autres courses à faire et les repas. Ensuite, nous imprimons le programme pour que tout le monde puisse le consulter.
Pour chaque ligne du programme, nous essayons de trouver des emoji et pictogrammes pour illustrer chaque activité afin de permettre à ma fille de 4 ans qui ne sait pas encore lire de visualiser le programme par elle-même.
De cette manière, la préparation du programme tous ensemble devient une activité en soi et les enfants l’attendent avec impatience. Elle fait dorénavant partie du nouveau rituel du soir. De plus, en faisant participer toute la famille à l’élaboration du programme, l’esprit collaboratif de la famille est renforcé et les enfants s’approprient davantage les tâches qu’ils ont eux-mêmes choisies.
Nous avons réalisé que grâce à notre programme, nous gagnons beaucoup de temps puisque nous ne devons plus nous casser la tête pour savoir ce que nous allons manger par exemple. Le programme peut être vu comme un guide, il ne doit pas être trop rigide. Nous ne voulons pas qu’il devienne un frein à une nouvelle activité ou opportunité qui se présente le jour-même sinon cela risque d’avoir l’effet inverse de celui souhaité. Il est arrivé de nombreuses fois que nous ne suivions pas à la lettre ce que nous avions prévu et c’était très bien ainsi. Ce programme nous aidait à structurer nos journées.
Exemple de programme
- Le grand jeu du week-end
Un autre point important de notre organisation était de faire la différence entre la semaine et le week-end. Le week-end, le programme était beaucoup moins détaillé pour laisser davantage la place à l’inspiration du moment. Chaque week-end, nous avons essayé d’organiser un grand jeu pour les enfants et parfois nous avons inversé les rôles. Ce sont les enfants qui organisaient le grand jeu pour nous. Ces grands jeux ont été à chaque fois l’occasion de chouettes moments en famille mais aussi l’occasion d’apprendre en s’amusant, ce qui me tient particulièrement à cœur et que je vous expliquerai plus en détails dans la suite de l’article.
2- Les apprentissages
D’un point de vue pédagogique également, cette période a été l’occasion d’expérimenter de nouvelles façons d’apprendre et aussi de satisfaire le grand besoin de nos enfants de jouer et s’amuser.
- Apprendre de nouvelles compétences
Pour nous, cette période de confinement aura permis de retourner vers l’essentiel. Même si ce n’était pas évident tous les jours, je pense que nos enfants auront énormément grandi pendant cette période. Déjà gérer une telle situation est un apprentissage en soi et pour toute la famille. Ils auront acquis des compétences qui ne s’apprennent pas vraiment à l’école, ils auront gagné en autonomie, en créativité et en confiance en eux.
Confrontés à eux-mêmes, à l’ennui et à l’inconnu ils ont été amenés à faire des choses inhabituelles : participer davantage aux tâches ménagères, à la préparation des repas, apprendre à s’occuper tout seuls, s’aider mutuellement entre frères et sœurs, découvrir des nouvelles passions, apprendre à utiliser la technologie. Grâce à une météo plus que clémente pendant toute cette période de confinement, ils ont pu passer énormément de temps au jardin à observer la nature renaître en ce début de printemps, planter de nouvelles plantes, s’amuser et se défouler autant que possible. Toutes ces activités qui en temps normal passent souvent à la trappe.
C’était aussi l’occasion de se poser des questions plus profondes par rapport à l’état de notre planète et à notre propre consommation. Qu’avons-nous réellement besoin pour vivre ? Quel est le monde que nous désirons pour le futur ? Comment contribuer à notre échelle à un monde meilleur ?
- Se connaître davantage
Cette période était aussi l’occasion pour mes enfants d’apprendre à se connaître davantage, de prendre conscience de ce qui les fait vraiment vibrer, de ce qui les rend heureux ou de ce qui leur manque le plus durant cette vie confinée. Ils ont pu prendre du temps pour faire ce qu’ils aimaient le plus. De cette manière, ils ont pris confiance en eux, en leur capacité et ça, c’est un cadeau pour leur futur. Ils auront aussi fait preuve de résilience et d’adaptation, ce qui m’a impressionnée.
Mon fils par exemple a réellement découvert sa passion pour le chant. C’était déjà relativement clair avant le confinement mais cette passion s’est accentuée pendant le confinement. Il a pu consacrer tout son temps à ce qu’il aimait faire: chanter et lire. C’est important d’appuyer sur les forces de nos enfants pour qu’ils aient plus de confiance en eux plutôt que de toujours mettre l’accent sur leurs points faibles.
Et les apprentissages scolaires dans tout ça?
Oui bien sûr, c’est important pour nos enfants de garder un certain rythme, d’avoir des journées relativement structurées entre moments d’apprentissage et moments de détente.
Je pense néanmoins qu’en dehors du travail scolaire envoyé par l’école, nos enfants auront eu l’occasion d’apprendre de mille et une façons. Le plus grand challenge aura été de les motiver pendant tout le confinement.
- Créer un environnement adéquat pour nos enfants
Nous ne pouvons pas forcer notre enfant à apprendre, ni être motivés à sa place.
Mais nous avons le pouvoir de créer les meilleures conditions pour qu’il ait l’envie d’apprendre par lui-même.
En tant que parents, nous ne pouvons pas nous substituer aux enseignants, notre rôle est plutôt de soutenir nos enfants, de les aider à s’organiser, à se motiver, à se créer leur propre routine.
Nous pouvons amener nos enfants à avoir un avis, développer leur esprit critique, donner des choix, se fixer des objectifs.
Nous pouvons subvenir aux besoins de nos enfants en proposant un environnement adéquat en fixant un cadre et des limites. Par exemple veiller à ce qu’ils aient à manger, à boire, qu’ils puissent se détendre, faire du sport, ne pas passer trop de temps devant les écrans, etc.
- Utiliser le quotidien comme source d’apprentissage
Comme je l’ai déjà mentionné, mes enfants ont davantage participé aux tâches ménagères et ont découvert d’autres activités comme le jardinage ou la cuisine. Toutes ces activités permettent à nos enfants de développer des compétences clés comme l’autonomie, la curiosité, la créativité, la psychomotricité. Ils ont aussi développé un lien particulier avec la nature.
Des activités telles qu’étendre le linge ou débarrasser la table permet de travailler la psychomotricité et l’agilité pour les petits.
J’ai également profité de nombreuses activités en famille pour amener certains apprentissages dans un contexte plus ludique.
Par exemple, lors d’une recette de cuisine, c’est l’occasion de compter, peser et d’apprendre à jongler avec les mesures.
- Apprendre d’une façon différente par le jeu et les chasses aux trésors
J’ai également profité de cette période pour transmettre des connaissances et des compétences importantes à mes enfants d’une façon différente et originale.
Chez nous, ce qui fonctionnait plutôt bien, c’était d’amener les apprentissages lors de jeux ou de moments en famille. Les enfants apprennent davantage par le jeu alors autant en profiter dans ce contexte particulier.
Lors de notre grand jeu du week-end, nous organisions soit une chasse aux trésors, soit différentes épreuves à réaliser en équipe (pour les 2 grands), soit un jeu de l’oie personnalisé.
Tous ces moments de jeux que les enfants ont adoré permettaient d’apporter des apprentissages d’une façon tout à fait différente mais non moins efficace.
Durant ces grands jeux, j’ai essayé de faire appel aux différentes intelligences de nos enfants en proposant à la fois des activités pour stimuler leur corps mais aussi des activités d’agilité, de réflexion, de collaboration, des activités musicales, de lecture, d’écriture.
J’ai notamment utilisé les supports proposés par l’école comme épreuve pour certaines chasses aux trésors. Qu’elle n’a pas été la surprise de mon fils lorsque je lui ai dit à la fin du jeu que les différents défis qu’il avait résolus, étaient en fait une partie de ses dossiers pour l’école. Il a trouvé ça super parce qu’il s’est rendu compte que finalement apprendre, c’est un jeu et ce n’est pas du travail.
C’est pour moi fondamental que les enfants prennent conscience de cela. Les enfants apprennent mieux en jouant alors pourquoi ne pas amener les choses de manière ludique. C’est bien plus efficace. Lorsqu’ils sont les héros de leurs propres apprentissages, ils deviennent plus motivés que jamais pour résoudre toutes les énigmes qui viennent à eux.
3- Les liens sociaux
Outre les apprentissages, un autre volet important de ce confinement fut la question des liens sociaux.
- Comment garder le contact avec la famille, les copains et l’école?
Malgré la distance physique, mes enfants n’auront jamais été aussi proches de leur grands-parents, ils auront pris le temps de leur parler, de leur poser des questions, de jouer ensemble et même de faire certains apprentissages ensemble (pour les cours de langue par exemple)
Avec les copains et l’école, c’était un peu plus difficile. Pas évident de réinventer l’école en quelques semaines surtout quand des questions techniques apparaissent et que tout le monde n’a pas toujours accès à la technologie.
Heureusement des initiatives des différentes classes sont apparues pour garder le contact avec les copains comme par exemple, des sessions Zoom avec ceux qui le désiraient pour proposer une activité aux autres copains.
Comme nous savions que le confinement allait durer, c’était l’occasion aussi de proposer un vrai projet à mes enfants. C’est une manière de les responsabiliser. En début de confinement, j’avais proposé différentes idées à mon fils notamment pour garder le lien avec ses grands-parents je lui ai proposé l’idée d’un arbre généalogique vivant. Finalement, il est venu lui-même avec sa propre idée: créer une émission avec ses copains de classe. Il a réfléchi aux questions qu’il pourrait poser à tous ses copains de la classe pour savoir comment eux vivaient cette période à la maison, ce qu’ils faisaient de leurs journées. J’ai ensuite compilé toutes les vidéos des copains pour qu’ils gardent un souvenir de cette période particulière.
4- L’aspect émotionnel
- Les enfants ont besoin d’être connectés avec leurs émotions et de pouvoir exprimer leur ressenti.
Tout comme chez nous d’ailleurs, cette période a engendré un chamboulement émotionnel important chez nos enfants. A certains moments, quand je voyais que le besoin se faisait sentir, j’ai essayé de proposer à mes enfants quelques activités pour essayer de se détendre et apporter plus d’harmonie en famille.
Je pense notamment à des activités en plein air, du yoga, écouter de la musique. Nous avons également planifié de grandes promenades à l’extérieur en forêt pour essayer de rencontrer le moins de personnes possibles, ce qui a fait énormément de bien à toute la famille.
C’est important de laisser de la place pour exprimer nos émotions dans ces moments particuliers. Nos enfants ont un grand besoin de s’exprimer mais ils ne trouvent pas toujours les mots pour exprimer ce qu’ils ressentent. Nous avons donc utilisé des outils comme la météo des émotions lors de nos temps d’échanges en famille (pour plus de détails sur le sujet, vous pouvez relire mon article sur le lâcher-prise via ce lien) mais aussi le dessin et la peinture. Nos émotions sont utiles pour nous faire prendre conscience de nos besoins qu’ils soient satisfaits ou insatisfaits. Pour ce faire, nous avons également fait l’activité du seau à besoins dont je vous parlerai dans un prochain article.
Au final, nous avons survécu, nous avons essayé de faire de notre mieux et même si tout ne fut pas parfait, essayons de ne pas culpabiliser, de lâcher prise par rapport à cette situation pour le moins inédite.
Cette période particulière nous aura en tous cas amenés à nous réinventer, à vivre de nouvelles expériences dont nous espérons tirer profit pour créer ensemble un monde meilleur pour demain.
Dorothée
[thrive_leads id=’6255′]